Les tribulations d’un (ex) astronome

Jury de thèse

jeudi 12 octobre 2006 par Guillaume Blanc

Quand j’ai soutenu ma thèse, fin 2002, c’était la mode de demander à un spécialiste étranger de venir siéger parmi le jury. Si c’était la mode, je n’y ai bien sûr pas dérogé. Une mode qui durait depuis quelques années, je pense. J’ai donc invité un américain, pas un ponte, pensez-vous, il ne se serait pas déplacé pour si peu, mais un type un peu marginal. Mais là n’est pas le cœur du sujet. Le cœur du sujet c’est le paradoxe qui veut qu’il y ait cette mode, et qu’elle côtoie la tradition qui veut que le manuscrit soit rédigé en français, et que la soutenance ait lieu en français. Résultat, j’avais envoyé au préalable un exemplaire de ma thèse à mon américain, mais à part regarder les images, il n’a pas pu en faire grand-chose. Caler une armoire, peut-être ? Il est venu à ma soutenance, n’a pas compris grand-chose, forcément, puisqu’elle était en français, comme le veut la tradition (je dois dire que ça me facilitait la vie aussi !). Il était examinateur, et eut droit, à ce titre, de me poser des questions, comme le veut la règle. Ce qu’il fit, en anglais, évidemment, et moi je lui répondis en anglais. Quand même. Je me demande ce qu’il a pu saisir de mon travail, et quel a été son poids dans les délibérations... Mais ça faisait bien d’avoir un américain dans mon jury.

Récemment, j’ai assisté à deux soutenances de thèses d’étudiants de mon labo, à dix jours d’intervalle. Pour la première, il y avait deux étrangers dans le jury. L’étudiante, qui par ailleurs avait fait un brillant travail, avait parfois quelques difficultés, à répondre en anglais. Pour la seconde, le jury contenait trois (!!) membres étrangers, soit la moitié ! Dont l’un d’eux montra par ses questions qu’il n’avait pipé mot de l’exposé. Normal.

Jusqu’où la mode va-t-elle aller ? Bientôt tout le jury sera étranger si ça continue ! Je n’ai absolument rien contre la présence de chercheurs étrangers dans un jury de thèse, au contraire, pourquoi pas, mais alors que l’on cesse de se foutre de leur gueule en leur racontant des trucs qu’ils sont censés juger dans une langue qu’ils ne comprennent pas ! Que l’on arrête de les prendre pour de vulgaires pantins, ces gens qui prennent sur leur temps, venant parfois de loin, pour servir de potiche ! Comme si leur présence était le gage de qualité du travail présenté ! Alors, soit il faut cesser cette mascarade qui ne rime à rien, soit il faut jouer le jeu jusqu’au bout, rédiger le manuscrit en anglais, et soutenir en anglais... Mais changer les mœurs françaises, c’est pas gagné d’avance !


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