Les tribulations d’un (ex) astronome

Démocratie ou oligarchie ?

lundi 31 janvier 2011 par Guillaume Blanc

J’ai flashé sur le dossier de ce mois-ci de Philosophie Magazine : « Le peuple a-t-il perdu le pouvoir ? » Tout commence par un sondage à l’initiative du magazine, qui montre que le peuple sent que la démocratie a reculé depuis une dizaine d’année. Et si le peuple lui-même sent que tout fout le camp, c’est probablement parce que justement tout fout le camp. Impuissance.

Résultats du sondage : les français et la démocratie

Dans son analyse du sondage Alexandre Lacroix conclu : « Le peuple a-t-il perdu le pouvoir ? En tout cas, il le pense. Donc : c’est vrai.  » « Si la majorité estime qu’on lui a dérobé sa souveraineté, elle ne peut pas se tromper. » Mais il pense également, sur une note un peu plus optimiste que ce résultat pourrait permettre une ouverture « des possibles. » « Plus que jamais, l’opinion semble prête à ce qu’on innove, à ce qu’on invente de nouveaux mécanismes destinés à se substituer aux institutions traditionnelles, jugées sclérosées. » Donc, retroussons-nous les manches, il n’y a plus qu’à... Plutôt que de tous se regarder le nombril. De plus en plus, de surcroît !

Ceci étant, dans l’immédiat, il semblerait effectivement ainsi que notre bonne vieille démocratie représentative soit en train de glisser subrepticement vers un système oligarchique (« Système politique dans lequel le pouvoir appartient à un petit nombre d’individus ou de familles, à une classe sociale restreinte et privilégiée » dixit le TLFi). Ainsi le philosophe Jacques Rancière constate : « ...nos gouvernements sont oligarchiques : y siègent des politiciens de profession, de plus en plus liés au monde de la finance. » « Le pouvoir de tous est accaparé par une petite minorité qui s’autoreproduit. Ce système réduit réduit l’action démocratique au processus électoral, c’est-à-dire au choix entre des politiciens qui sont d’abord désignés par cette minorité en son sein. »

En revanche Michel Eltchaninoff est un peu plus critique envers le bas peuple, selon lui, ce glissement n’est que le résultat d’un manque d’intérêt croissant envers la chose politique : « si nous sommes désabusés vis-à-vis de nos représentants élus, nous leur abandonnons volontiers le pouvoir de régler nos problèmes. » C’est le serpent qui se mord la queue : « plus grand monde n’y croit, et de moins en moins de personnes y participent (à l’État de droit). »

Pour lui, « ce qui devait arriver est donc arrivé : à force de nous en désintéresser ou de déléguer l’encombrante mission de gouverner à des politiciens méprisés, nous avons laissé la démocratie dériver vers l’oligarchie. L’écart croissant entre les plus riches et les plus pauvres, concomitant de la prise de pouvoir de la finance sur l’économie, a donné naissance à une mince classe supérieure qui attire les ambitieux de toutes sortes, notamment les politiques frustrés de moins gagner qu’un courtier ou un patron. »

Et de conclure également de cette note d’optimisme : « La démocratie n’est pas un régime, mais une expérimentation perpétuelle sans aucune fin préétablie. Si le public participe, il inventera des nouvelles manières de gouverner. »

Ségolène avait-elle ainsi raison avec ses envies de démocratie participative ? Avec elle, nous n’aurions probablement pas beaucoup avancé, mais la démocratie aurait peut-être moins reculée... Qui sait ? Les promesses n’engagent-elles pas que ceux qui y croient ?

Quand je pense qu’il y a quelques années j’écrivais ça, et que désormais j’écris les lignes qui précèdent... Faut dire que depuis, Sarko est arrivé. Peut-être sera-il finalement le catalyseur d’une nouvelle démocratie, malgré les apparences ?


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