La mort...
La mort est cruelle, surtout pour ceux qui restent, bien vivants, eux. Mais est-ce la mort qui est cruelle, ou bien notre société qui nous apprend la tristesse et le manque quand l’être aimé, l’ami, l’amie, la connaissance, le tonton, le grand-père, la grand-mère, s’en va. La mort, finalement fait partie intégrante de la vie. Woody Allen n’a-t-il pas clamé que « La vie est une maladie mortelle sexuellement transmissible » ? Pourquoi donc cette tristesse proportionnelle à la proximité de la personne disparue ? D’autant que la vie continue, elle. La mort est taboue. On n’en parle pas, ça pourrait la faire entrer dans nos chaumières. On est seulement mis devant le fait accompli.
Il y a différentes façons de mourir, la fin du cycle, l’âge, la vieillesse, il ou elle a bien vécu, on verse quelques larmes, mais finalement, l’inexorable était attendu, la maladie avec son lot de souffrances, y compris pour l’entourage, ou bien quand la mort est vécue comme une délivrance. L’accident. Celui qui attrape au tournant, quand on s’y attend le moins — forcément —, celui qui fauche dans la vigueur de l’âge et de la santé. L’injustice même. À laquelle il faut pourtant se résoudre, le recours étant là strictement impossible. Irréversible.
Accepter. Aucune autre alternative n’est envisageable.
La montagne est souvent merveilleuse dans les sensations de tous ordres qu’elle procure. Elle nous dope, moi tout comme mes semblables qui aimons la parcourir en tout sens, dans toutes les dimensions, chacun à sa manière — Ô liberté ! Elle me dope, par sa beauté, par son silence, par son côté sauvage, par le chant des oiseaux, par ce chamois croisé là-haut, cette fleur printanière, ou ce manteau neigeux qui recouvre tout, elle me dope par l’effort qu’elle me demande pour la parcourir, par les frissons qu’elle me procure quand le vide se dessine sous mes pieds. Elle est belle, la montagne. Elle peut parfois être profondément cruelle, les sports et activités qu’on y pratique ont l’inconvénient d’avoir la gravité contre eux : chute, pierre, avalanche... La pesanteur contre laquelle le montagnard aime à lutter en suant par tous les pores de sa peau, peut insidieusement de retourner contre lui. Fatalement.
Il y a ceux que l’on ne connait pas, mais dont on suit les aventures dans les magazines spécialisés, les Patrick Berhault, les Chloé Graftiaux, les Stéphane Brosse, les Jean-Christophe Lafaille... On les aimait bien, enfin, surtout ce qu’ils faisaient, on ne les connaissait pas personnellement. Et puis il y a les autres, les proches, plus ou moins. Les très proches, Cécile, en 2008, les moins proches, mais quand même, que l’on connaissait bien, Magali et Arnaud, là. Emportés dans l’exercice même de leurs passions, dans notre vaste terrain de jeu.
Sentiments contradictoires, retour d’un fantastique week-end de ski dans le val de Rhêmes, encore des belles montagnes plein les yeux, à peine alourdis par un peu de fatigue, en ce lundi matin. Dehors il fait grand beau. L’internet omniscient délivre froidement la triste nouvelle.
Guillaume Blanc
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