120 battements par minute
Je fais ma cure annuelle de cinéma. Oh, une petite cure, j’en suis à trois films sur grand écran dans l’été. Mais tout de même. Nous étions allés voir « Dunkerque » que j’ai beaucoup aimé, un très beau film de guerre, même si la réalité historique semble y être biaisée — mais quel film historique ne biaise-t-il pas la réalité ? Et puis nous sommes allés voir « Valérian, la cité des milles planètes, » un film intéressant par la diversité des personnages, des créatures, des couleurs, de l’imagination créatrice, mais un peu pauvre côté scénario, et un peu mièvre dans le rapport entre Valérian et sa collègue Laureline. En revanche, le film m’a fait acheter et lire les premiers tomes de la bande dessinée que j’ai trouvé très très bien.
Et puis hier soir, nous sommes allés voir « 120 battements par minute » de Robin Campillo ; avec une moyenne presse de 4,6 étoiles sur allociné, ça en fait un film quelque peu incontournable ! De fait. C’est un film magnifique sur les combats d’Act Up une association militante et activiste regroupant essentiellement des personnes touchées par le virus du sida au début des années quatre-vingt dix, qui sont surtout des homosexuels, des toxicomanes... On suit quelques personnalités de cette association, et surtout Sean, là depuis les débuts, homosexuel, séropositif qui finit par développer la maladie, mais surtout amoureux de la vie et la croquant à pleines dents. Il tombe amoureux de Nathan, nouveau venu dans les rangs. On suit quelques actions percutantes d’Act Up, contre les laboratoires pharmaceutiques qui font de la rétention d’information sur de nouveaux médicaments prometteurs, contre le gouvernement qui n’est pas à la hauteur en terme de prévention, parce que ça touche principalement des minorités, parce que ça touche au sexe, parce que c’est la maladie honteuse, contre les assurances... Les actions sont choquantes mais non violentes... C’est un combat pour la vie que mènent ses militants.
C’est admirablement bien filmé, c’est un film aussi vivant que les personnages qu’il dépeint. On ne s’ennuie pas, à peine une ou deux petites longueurs. J’ai été surpris de constaté qu’il était si tard en sortant, je n’avais pas vu le temps passé. 2h20 de film formidable. Qui a reçu le Grand Prix du festival de Cannes en mai dernier.
Par contre en sortant de la salle le titre du film, « 120 battements par minute » ne m’évoquait rien de plus qu’avant de le voir. C’est en cherchant un peu sur la toile, que j’ai trouvé l’explication, dans les mots même du réalisateur :
« C’est un hommage à la house music qui est normalement à 124 beats par minute. A l’époque où se déroule le film, on entendait beaucoup parler de BPM pour les morceaux et les DJ mettaient le nombre de beats par minute sur les disques. Cette musique me paraissait être comme la bande originale de cette année 1992. Elle est dansante, festive et en même temps il y quelque chose d’un peu inquiet, de mélancolique. Cela rappelait aussi l’accélération cardiaque quand on rentre en action ou qu’on tombe amoureux. Cela donnait l’impression, comme le personnage de Sean, de se consumer dans l’action, de jeter ses dernières forces dans une forme de tachycardie. »
Guillaume Blanc
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