Quand j’habitais en Italie, la femme du dessus me rendait fou en arpentant son appartement avec ses talons. Et tac, tac, tac, tac dans un sens, et tac, tac, tac, tac dans l’autre sens. J’avais beau lui glisser dans sa boîte aux lettres des petits mots dans mon meilleur italien lui demandant (gentiment) de bien vouloir troquer ses chaussures de femme de ville contre une bonne paire de charentaises une fois rentrée chez elle, rien n’y fit. J’ai dû finir par m’habituer.
Et puis il y a aussi les collègues de travail qui ponctuent les couloirs avec leurs tonitruants tac, tac, tac, tac, dans je ne sais quel but, si ce n’est de toute évidence pour se faire remarquer. Alors que je n’aspire personnellement qu’à passer le plus inaperçu possible, me faire tout petit et me déplacer à la sioux, en évitant tout débordement sonore. Différence de style, probablement.
D’ailleurs à ce propos, l’autre jour dans le RER, une demoiselle portait des Converses à talons. Serait-ce là le comble de la mode ? Ceci étant, je viens bien de croiser une jeune femme en baggy — Ah ! la mode ! —, toujours dans le RER, qui finalement se révèle un endroit particulièrement passionnant pour étudier en catimini les us et coutumes de mes contemporains !
Bref. La mode, hein, encore un truc qui me passe au-dessus de la tête. Parce que marcher en talons, franchement, ça me semble être le summum de l’inconfort. Si de surcroît le talon se fait aiguille, ça doit devenir casse-gueule, pour un peu que la chose se prenne entre deux pavés ou dans une grille d’égout. J’essaye d’imaginer le mollet tendu pour résister au tangage, l’assise réduite (attention aux bourrasques les jours de grand vent), les doigts de pieds, happés par la gravité, venant immanquablement buter contre le bout de l’ustensile, forcément taillé en pointe. Instrument de torture ? Non, escarpin.
Qui plus est, les femmes qui portent des talons-aiguilles à longueur de temps semblent condamnées à ne porter plus que ça, car leurs muscles de la cheville se raccourcissent, et leur talon d’Achille devient plus raide, engendrant un inconfort à marcher à plat.
C’est le résultat d’une étude de Robert Csapo de l’université de Vienne et de son équipe, qui se sont amusés à étudier les pieds de onze femmes qui portent régulièrement des talons de plus de cinq centimètres depuis plus de deux ans, à l’aide d’ultrasons et d’imagerie par résonance magnétique. Ils ont comparé leurs mesures à un groupe témoins de neuf femmes qui ne portaient pas de talons. Résultat, le fait de porter des talons réduit la taille des fibres musculaires de 13 %, et augmente la raideur du tendon d’Achille qui pallie ainsi la faiblesse musculaire induite par la position. Tout cela réduit au final la flexibilité de la cheville.
Allez donc comprendre pourquoi les femmes s’infligent à elles-mêmes de telles souffrances...
Je suppose effectivement, que c’est un peu comme tout, il ne faut pas en abuser :-) Restent seulement les tac, tac, tac, tac dans les couloirs ! :-)
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