Les tribulations d’un (ex) astronome

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Japon, nucléaire et mélange des genres...

lundi 14 mars 2011 par Guillaume Blanc

Depuis le tsunami géant au Japon, vendredi dernier, tandis que l’archipel compte ses morts et ses disparus, le monde occidental ne semble s’inquiéter que d’une seule chose : la centrale nucléaire de Fukushima va-t-elle péter et nous faire un deuxième Tchernobyl ou pas ?

Quand on écoute la radio, on a des relents de fin du monde. On se croirait revenu en 1945 quand le spectre de la bombe nucléaire a fini par montrer son visage aux japonais. On parle d’explosion, de nuages radioactifs... De radioactivité... Quand on furète sur le net de l’actualité, le nucléaire ressort de partout depuis quelques jours. Les écolos s’en donnent à cœur joie, les évènements leurs donnent raison : il faut sortir au plus vite du nucléaire, cette horrible énergie qui pollue plus que tout le reste et qui cristallise les peurs. En plus voilà, on nous dit que les centrales sont sûres, qu’un Tchernobyl est impossible dans le monde moderne, et hop, une petite vague met la pression sur les cœurs de réacteurs japonais. Le Japon ! Pourtant, ce n’est pas là le dernier des pays instables. Troisième puissance mondiale, on aurait pu croire qu’il maîtrise ce genre de chose. Visiblement pas.

Haro sur le nucléaire, donc.

D’accord, c’est vrai. Aucune construction humaine, aussi élaborée soit-elle n’est infaillible. À la décharge des japonais il faut aussi dire que ce genre d’évènement n’a pas son pendant historique...

Je me demande alors avec quoi vit le militant anti-nucléaire interrogé ce matin sur France Inter, qui prônait la fin de cette filière, pour une politique d’économie d’énergie. Je suis d’accord avec lui, à 100 %, mais quand il dit qu’il trouve indécent l’éclairage des routes à 4h du matin (je que je trouve aussi indécent, mais essentiellement pour d’autres raisons), j’ai envie de lui répondre que ce n’est pas en éteignant les lumières que l’on va revenir à une consommation énergétique plus sobre. Il n’a qu’à voir dans son propre appartement ce brave monsieur : est-ce dans l’éclairage que part la majorité de sa consommation d’électricité ? Certainement pas, comme le montre le deuxième graphique de cette page, rien que l’électroménager constitue une consommation près de six fois plus importante ! En revanche, là où l’on peut gagner significativement, c’est dans l’isolation des maisons, pour s’approcher de logements passifs, qui n’ont pas (ou peu) besoin de chauffage. Le monsieur interrogé a quand même mentionné cet aspect, mais sans avoir conscience, visiblement, des différents chiffres qui sous-tendent le problème. Le militantisme anti-nucléaire n’est qu’une affaire de tripes, qui fait fi de la plus simple logique !

Donc, oui pour faire des économies d’énergie, oui pour augmenter la part des énergies renouvelables. Mais il ne faut pas se méprendre, nous aurons besoin de l’électricité nucléaire encore pendant un bout de temps. Il faut donc continuer de développer cette filière. Car il n’existe pas, à l’heure actuelle, d’énergie « propre » et sympathique en quantité suffisante pour subvenir aux besoins croissants de l’humanité. Et à mon sens, l’énergie nucléaire est la moins pire de toutes, car l’alternative est une énergie d’origine fossile, qui génère quantité de gaz à effet de serre.

Or, comme je l’ai déjà dit par ailleurs par ici, l’effet de serre, bien que beaucoup moins palpable que les à-côtés néfastes de l’énergie nucléaire, est beaucoup plus terrifiant, car nettement moins facilement contrôlable. Il fera à terme beaucoup plus de victimes qu’une petite centrale qui prend l’eau...

Et je crois que qu’un référendum sur le nucléaire comme demandé ces jours-ci par les écologistes serait une erreur, le nucléaire cristallisant trop les passions pour que tout un chacun puisse voter de manière objective. Il suffit de voir du côté de nos voisins : l’Italie a abandonné le nucléaire civil en 1987, suite à un référendum au lendemain de Tchernobyl. Résultat : le pays importe de l’électricité nucléaire de France... L’Allemagne a décidé en 2000 de sortir du nucléaire civil, sous la pression des écologistes, mais doit revoir sa copie, car il est pour l’heure impossible d’accéder aux économies d’énergie qui permettraient de s’en passer, donc diminuer le nucléaire signifie augmenter les rejets de gaz à effet de serre. Le choix est certes cornélien, mais les faits sont là.

En fin de comptes, la seule alternative qui subsiste à l’heure actuelle, c’est soit le nucléaire, soit un emballement du réchauffement climatique. Aucune des deux perspectives n’est satisfaisante, mais pour ma part, le nucléaire me terrorise beaucoup moins qu’une planète au climat déréglé.

Là tout de suite, maintenant, nous n’avons pas le choix, il faut maintenir le nucléaire, voire le développer pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Mais cela ne doit pas vouloir dire abandonner la politique d’économie d’énergie, la seule, qui, à terme puisse être satisfaisante.

Et il y a fort à faire, rien qu’en France, ne serait-ce que dans l’isolation des logements.

Venant de quitter un appartement loué rempli de courants d’air, où du double vitrage permettrait de réduire nettement la facture énergétique, pour arriver dans un appartement qui était un véritable puits d’énergie, mais dans lequel nous allons faire poser du double vitrage, je me dis qu’il y a une marge de manœuvre considérable. Les propriétaires devraient avoir l’obligation de réduire les pertes énergétiques de leurs biens.

Donc sortir du nucléaire, pourquoi pas, mais certainement pas tout de suite, car nous allons en avoir sacrément besoin dans les décennies qui viennent, le temps que nos chers politiques éclairés mettent en place une politique d’économie d’énergie efficace. En d’autres termes : ne pas mettre la charrue avant les bœufs : il faut d’abord réduire la consommation, pour ensuite sortir du nucléaire. Faire l’inverse conduirait à une impasse.

Et ce quelle que soit l’issue — que j’espère la meilleure possible — des réacteurs japonais qui boivent la tasse en ce moment...


En réponse à :

Japon, nucléaire et mélange des genres...

15 mars 201115:25, par Guillaume Blanc

Tout dépend de ce que signifie la sortie du nucléaire ! Pour moi la sortie du nucléaire n’est envisageable que si on arrive à subvenir à nos besoins énergétiques à l’aide d’énergies renouvelables. Cela implique effectivement un effort de R&D sur les économies d’énergie et sur les énergies « propres » ; à l’heure actuelle aucune n’est susceptible de produire suffisamment pour à la fois se passer du nucléaire et des énergies fossiles. Je pense donc que ce n’est pas demain la veille que l’on pourra « sortir du nucléaire » malheureusement. De fait je crois qu’effectivement le nucléaire est le seul moyen dont (...)


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