Les tribulations d’un (ex) astronome

Don Quichotte

jeudi 27 décembre 2012 par Guillaume Blanc

Puisque nous sommes scotchés à Paris pour cause d’accouchement imminent, à défaut de bonne neige sous les spatules, c’est grimpe, en salle ou dehors, et puis pour s’aérer les neurones, nous nous sommes offerts un petit ballet à l’Opéra de Paris. Don Quichotte, excusez du peu. Mon premier ballet en chair et en os.

Après une journée parisienne entre Montmartre, ses tissus, ses halles reconverties en musée art déco, et le Centre des Arts et Métiers et ses Robots, nous terminons du côté de Bastille, forcément. Petit en-cas dans le troquet du coin, puis direction l’opéra. Ça fait un peu décalé, en ce qui me concerne, avec mon sempiternel sac à dos et mes baskets, je n’ai pas la dégaine de l’emploi. Peu importe, personne ne m’en tient rigueur. Anne-Soisig et ses parents s’engouffrent dans l’ascenseur pour atteindre les étages, moi je décide de monter à pattes. Pour la peine, comme, bizarrement, les escaliers ne gravissent pas d’une traite les étages, mais finissent en impasse en cours de route, je visite. Je débouche sur un balcon, mais pas le bon, retour en arrière, rétropédalage, et rebelotte. Au bout de quelques tours et détours de ce genre, je finis par trouver mon chemin. 6e étage. 13e porte. Ça se bouscule au portillon. Pourboire interdit stipule une affichette, ça tombe bien, je n’ai jamais aimé ce rituel de la piécette pour l’ouvreuse. Ou l’ouvreur. 2e balcon. On y entre par le haut. Nous sommes presque tout en bas, deuxième rangée derrière la rambarde. La pente est raide, gare au vertige ; la demoiselle devant moi se cramponne à la rambarde pour rejoindre son fauteuil. Car au-delà, c’est le vide, le grand saut sur le parterre quelques dizaines de mètres plus bas.

La salle est immense et somptueuse. Bien foutue aussi : modernité oblige, on a de la place entre les genoux et la rangée de sièges de devant ! Le regard surplombe une scène immense, précédée de l’orchestre.

Ça commence pile à l’heure : tant pis pour les retardataires, ils rejoindront leurs places à l’entracte. L’orchestre, lové dans sa fosse, sur le front de scène, sur lequel nous avons une superbe vue plongeante, démarre sans coup férir. Les notes de Léon Minkus s’élèvent ainsi dans l’air de la salle majestueuse à l’acoustique parfaite. Le rideau se lève. Un court préambule théâtral, où nous découvrons Don Quichotte et son écuyer Sancho Panza, avec la vue évanescente de Dulcinée. Ensuite, le ballet commence vraiment. Don Quichotte et son fidèle Sancho Panza ne sont, finalement que le prétexte, le cœur de l’histoire sont les amours de la belle Kitri et de Basilio, réprouvés par son père à elle, forcément. L’œuvre de Cervantes est ainsi revisitée par Marius Petipa en 1869, apportée en France et chorégraphiée par Rudolf Noureev en 1981.

Les costumes et décors, remis au goût du jour en 2002, sont magnifiques. Mais ce qui l’est indéniablement, c’est la légèreté et la grâce des danseurs et danseuses. Je reste scotché sur mon siège. Ma naïveté en la matière me permet d’admirer la beauté des gestes et de la chorégraphie sans arrière-pensée. Une véritable ode à la beauté ; la grâce à l’état pur. Ces danseurs sont l’image même de la perfection en la matière.

Les personnages de Don Quichotte et de Sancho Panza, entre autres, sont là pour donner une petite note sympathiquement humoristique à l’ensemble. Dédramatiser. Car, finalement, tout cela n’est pas si sérieux, n’est-ce pas ? Ils errent au milieu des danseurs disposés géométriquement, comme pour amener là une certaine brisure de symétrie qui confère à l’ensemble ce petit plus, qui, si j’ai bien compris, est la patte de Rudolf Noureev.

Outre le prologue, s’ensuivent trois actes, entrecoupées d’entractes pour se dégourdir les jambes. Au total, plus de deux heures de spectacle intense, où la vaste scène est admirablement occupée. Je reste subjugué par ce que ces danseurs et danseurs, surtout ceux qui jouent les rôles de Kitri et Basilio, sont capables de faire avec leurs corps. Le tout, évidemment, en parfaite harmonie et coordination avec la musique. Évidemment. Bref, tout simplement éblouissant...

À la fin du dernier acte, qui finit bien pour nos deux tourtereaux, ce sont 2703 personnes qui applaudissent sans discontinuer. La salle était pleine.

Nous sortons au final dans la nuit humide de la capitale avec des étincelles plein les yeux !


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